L’alimentation du cheval âgé : conseils pour maintenir sa vitalité

Voir vieillir son cheval est une étape naturelle, souvent empreinte de tendresse et de souvenirs partagés. Nos compagnons équins seniors nous offrent une présence sage et apaisante, mais leur avancée en âge s’accompagne de changements physiologiques qui nécessitent une attention particulière, notamment en matière d’alimentation. Adapter leur régime n’est pas seulement une question de maintien du poids, c’est un acte d’amour visant à préserver leur vitalité, leur confort et leur joie de vivre le plus longtemps possible. Chaque cheval vieillit différemment, et comprendre ses besoins spécifiques est la clé pour lui offrir une retraite dorée et pleine de bien-être. Une bonne alimentation s’inscrit d’ailleurs dans un cadre de soins globaux indispensables : des visites vétérinaires régulières, un suivi maréchal-ferrant attentif, une vermifugation adaptée et des soins dentaires fréquents sont tout aussi cruciaux pour la santé de votre senior (source).

Comprendre les besoins spécifiques du cheval âgé

Avant d’ajuster la gamelle de votre compagnon, il est essentiel de comprendre ce qui change réellement avec l’âge et pourquoi une adaptation est souvent nécessaire.

Quand un cheval devient-il ‘senior’ ?

L’âge est plus qu’un simple chiffre sur les papiers de votre cheval. Si l’on considère souvent qu’un cheval entre dans la catégorie ‘senior’ autour de 20 ans (ce qui correspondrait environ à 60 ans chez l’humain, selon certaines estimations source), la réalité est plus nuancée. Certains chevaux restent athlétiques et en pleine forme bien au-delà, tandis que d’autres montrent des signes de vieillissement plus tôt. Ce qui compte vraiment, c’est l’âge *physiologique*. On parle de cheval ‘nutritionnellement senior’ lorsque son organisme ne parvient plus à maintenir une condition corporelle optimale avec son régime habituel, indépendamment de son âge chronologique (source). Des signes comme une perte de poids, une fonte musculaire (notamment le long de la ligne du dos), un dos qui s’enselle ou des difficultés à manger peuvent indiquer que votre cheval entre dans cette phase.

Les changements physiologiques liés à l’âge

Plusieurs changements expliquent pourquoi les besoins nutritionnels évoluent. La capacité à digérer et absorber certains nutriments, notamment les fibres et les protéines, peut diminuer avec le temps (source). Le métabolisme peut également ralentir. De plus, l’organisme âgé a plus de difficultés à reconstituer ses réserves corporelles. S’il maigrit suite à une maladie ou une erreur de rationnement, lui faire reprendre de l’état peut s’avérer très difficile, contrairement à un cheval plus jeune (source). C’est pourquoi une alimentation préventive et adaptée est cruciale : elle doit fournir quotidiennement tout ce dont le cheval a besoin, car il ne peut plus compter autant sur ses réserves. La qualité de l’alimentation fournie tout au long de sa vie influence d’ailleurs grandement sa santé future ; des carences passées peuvent fragiliser l’organisme âgé (source).

L’importance capitale de la santé dentaire

Il est essentiel de souligner que la bouche de votre cheval âgé est la porte d’entrée de sa nutrition. Avec le temps, les dents s’usent naturellement, certaines peuvent tomber, et des pointes d’émail acérées (surdents) peuvent apparaître, rendant la mastication douloureuse et inefficace. Une mastication insuffisante est le premier frein à une bonne digestion : les aliments mal broyés sont moins bien assimilés, ce qui peut entraîner une perte de poids, des carences, voire des coliques ou des bouchons œsophagiens (obstruction de l’œsophage). C’est pourquoi un suivi dentaire régulier par un dentiste équin qualifié ou un vétérinaire spécialisé est absolument indispensable, idéalement une à deux fois par an (source). Ce suivi permet de niveler les surdents (‘raspber’ ou ‘floater’), d’extraire les dents problématiques si nécessaire et d’adapter les conseils alimentaires en fonction de l’état de la dentition. Maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire tout au long de la vie du cheval est le meilleur investissement pour sa santé future (source).

Solutions pour les bouches sensibles

Lorsque la mastication devient difficile malgré les soins dentaires, il faut adapter la texture des aliments. Les aliments complets ‘senior’ sont spécifiquement formulés pour être faciles à mâcher et très digestibles. Ils se présentent souvent sous forme de granulés ou de bouchons qui peuvent (et devraient souvent) être réhydratés avec de l’eau tiède pour former un ‘mash’ ou une bouillie (source). Cette forme humide facilite la préhension et la déglutition, réduit le risque de bouchon et augmente l’apport hydrique, ce qui est crucial. Des fourrages hachés finement, comme le propose par exemple Hartog Senior, peuvent également être une excellente option. Les mashes traditionnels ou prêts à l’emploi, comme le AUTHENTIQUE MASH INFUSION de Gibson Rivers, sont aussi très appréciés pour leur appétence et leurs bienfaits sur la digestion et l’hydratation, surtout s’ils contiennent des ingrédients favorisant le bien-être.

Adapter l’alimentation pour maintenir la vitalité

Une fois les spécificités du cheval âgé comprises, comment adapter concrètement sa ration pour préserver sa santé et son énergie ?

Les piliers nutritionnels : Fibres, énergie, protéines

L’objectif principal est de maintenir un poids de forme idéal. Pour cela, on utilise le score de condition corporelle (SCC, ou BCS en anglais), idéalement situé entre 5 et 6 sur une échelle de 9. Concrètement, cela signifie que vous devez pouvoir sentir facilement les côtes de votre cheval sous vos doigts, sans les voir à l’œil nu, et que la ligne du dos ne doit être ni creusée (maigreur) ni noyée dans la graisse (surpoids). Il faut aussi veiller à couvrir ses besoins spécifiques sans excès ni carences.

Le rôle crucial des fibres et des fourrages adaptés

Le fourrage (foin, herbe) reste la pierre angulaire de l’alimentation équine, même pour les seniors. Il assure la santé digestive et procure une source de chaleur interne non négligeable, surtout en hiver, grâce à sa fermentation dans le gros intestin (source). Cependant, la capacité à mastiquer le foin diminue souvent avec l’usure dentaire. Il est donc essentiel de proposer un foin de très bonne qualité, plutôt feuillu, non poussiéreux, sans moisissures et récolté avant épiaison pour une meilleure digestibilité (source). Si le cheval peine à mastiquer, plusieurs alternatives existent : le foin peut être passé à la vapeur pour le ramollir, ou remplacé par des substituts comme des bouchons de foin ou de luzerne, impérativement réhydratés pour former une sorte de bouillie facile à ingérer et éviter les bouchons œsophagiens. Des fourrages finement hachés, comme ceux proposés par Hartog Senior, peuvent aussi être une bonne solution. L’herbe pâturée, plus tendre, reste souvent consommable plus longtemps. La pulpe de betterave réhydratée est également une excellente source de fibres très digestibles et peut compléter ou partiellement remplacer le fourrage traditionnel.

Gérer l’apport en énergie : Glucides et lipides

Fournir suffisamment d’énergie est vital, mais la source de cette énergie doit être choisie avec soin. Les céréales (avoine, orge, maïs) sont riches en amidon, une source d’énergie rapide. Cependant, l’organisme du cheval âgé peut avoir plus de mal à gérer de grandes quantités d’amidon, augmentant le risque de troubles digestifs ou métaboliques, notamment chez les chevaux prédisposés au Syndrome Métabolique Équin (SME) ou à la Maladie de Cushing (aussi appelée Dysfonctionnement de la Pars Intermedia Pituitaire ou PPID). Pour ces chevaux, un régime pauvre en sucres et en amidon (parfois appelés glucides non structuraux ou NSC) est primordial. Dans tous les cas, il est préférable de fractionner la ration de concentrés en plusieurs petits repas (par exemple, 3 à 4 repas par jour, sans dépasser environ 2 à 2,25 kg par repas pour limiter la surcharge digestive – source) et de privilégier des céréales transformées (floconnées, extrudées, cuites) qui sont plus digestes (source). L’ajout de matières grasses (huile végétale comme l’huile de colza ou de lin, graines de lin extrudées, son de riz stabilisé) est une stratégie efficace pour augmenter la densité énergétique de la ration sans surcharger en glucides. C’est une source d’énergie dite ‘froide’, car elle ne provoque pas l’excitabilité souvent associée aux céréales riches en amidon. Attention toutefois à introduire les lipides très progressivement (par exemple, commencer par 50ml d’huile par jour et augmenter graduellement sur une à deux semaines) et à s’assurer que l’apport en vitamine E est suffisant pour compenser l’oxydation des graisses. Avant d’augmenter significativement les taux de protéines ou de lipides, une vérification de la fonction hépatique et rénale par votre vétérinaire peut être judicieuse (source). Cela permet de s’assurer que ces organes, parfois plus fragiles chez le cheval âgé, sont capables de métaboliser cet apport accru sans être surchargés.

L’importance des protéines de qualité

L’apport en protéines est crucial pour limiter la fonte musculaire (appelée sarcopénie), fréquente avec l’âge et la diminution d’activité. Il faut privilégier des protéines dites de ‘haute qualité’, c’est-à-dire riches en acides aminés essentiels comme la lysine et la thréonine, qui sont les ‘briques’ nécessaires au maintien des tissus musculaires et corporels. Ces protéines doivent aussi être facilement digestibles par un système digestif parfois moins performant. On les trouve par exemple dans la luzerne de qualité, le tourteau de soja, certaines sources lactées ou dans des aliments formulés spécifiquement pour les seniors (source, source).

Vitamines et minéraux : des besoins accrus ?

Les besoins en certaines vitamines (notamment du groupe B, vitamine E antioxydante, vitamine D, vitamine K) et oligo-éléments peuvent être accrus chez le cheval âgé, en partie à cause d’une absorption potentiellement moins efficace ou d’un métabolisme modifié. L’équilibre phosphocalcique (ratio Ca/P) doit être surveillé, car l’absorption du calcium peut diminuer avec l’âge, justifiant parfois un ratio légèrement plus élevé (autour de 2 pour 1) (source). Un aliment ‘senior’ de qualité ou un complément minéral et vitaminique (CMV) adapté peut aider à couvrir ces besoins spécifiques sans créer de déséquilibres. L’utilisation ponctuelle de probiotiques ou prébiotiques peut aussi être envisagée pour soutenir la flore intestinale (source).

L’hydratation, une priorité absolue

L’eau est essentielle à la vie, et c’est encore plus vrai pour le cheval âgé. La déshydratation augmente considérablement le risque de coliques par impaction (tassement du contenu digestif), un problème fréquent chez les seniors dont le transit peut être ralenti. Il est crucial de garantir un accès constant à une eau propre et tempérée, surtout en hiver où les chevaux ont tendance à moins boire si l’eau est glaciale (source). L’idéal est une eau entre 7°C et 18°C. Surveillez la consommation d’eau et n’hésitez pas à ajouter de l’eau tiède aux rations de granulés ou de mash pour encourager l’hydratation. La qualité du foin est également primordiale : il doit être exempt de poussières et de moisissures, qui peuvent causer des problèmes respiratoires ou digestifs, particulièrement chez les chevaux âgés plus sensibles (source). Si le foin est poussiéreux, le tremper brièvement (environ 15 minutes) avant distribution peut aider à réduire la poussière.

Gérer les défis spécifiques et l’environnement du repas

Chaque cheval âgé est unique et peut présenter des défis particuliers qu’il faut savoir identifier et gérer.

Maintenir un poids idéal : Gérer la maigreur et le surpoids

Certains seniors peinent à maintenir leur poids. Il faut alors augmenter l’apport calorique via des aliments très digestibles, riches en bonnes fibres (pulpe de betterave, foin de qualité supérieure, fourrages spécifiques senior) et en matières grasses (huiles, son de riz…), tout en veillant à un apport protéique de qualité pour soutenir la masse musculaire. D’autres, à l’inverse, prennent facilement du poids, surtout si leur activité diminue. Le surpoids est néfaste car il surcharge les articulations déjà fragilisées (arthrose) et augmente le risque de fourbure et de problèmes métaboliques (source). Il faut alors contrôler l’apport calorique, par exemple en utilisant une muselière de pâturage lors des mises à l’herbe, en limitant le temps passé sur des prairies riches, ou en choisissant un foin analysé moins riche en énergie et en sucres. Encourager une activité physique douce et régulière est aussi bénéfique (par exemple, marche en main quotidienne, exercices d’assouplissement doux, petite balade au pas).

Alimentation et maladies métaboliques courantes

Les chevaux âgés sont plus prédisposés à certaines maladies métaboliques comme le Syndrome Métabolique Équin (SME), souvent associé à l’obésité et à l’insulinorésistance, ou la Maladie de Cushing (PPID – Dysfonctionnement de la Pars Intermedia Pituitaire), un trouble hormonal fréquent. Ces pathologies nécessitent une gestion diététique stricte, généralement pauvre en sucres et en amidon (faible NSC – Non Structural Carbohydrates). Des aliments spécifiques, comme AUTHENTIQUE SENSITIVE avec sa faible teneur en amidon (<10%), ou des formules senior adaptées (Hartog Senior, sans céréales ni mélasse), peuvent être très utiles. Le trempage du foin (pendant 30 à 60 minutes) peut également aider à réduire sa teneur en sucres solubles. Un diagnostic précis et un suivi vétérinaire régulier sont indispensables pour gérer ces maladies et adapter le traitement et l’alimentation (source).

L’importance de l’environnement du repas

L’aspect social de l’alimentation ne doit pas être négligé. Dans un groupe, un cheval âgé peut être dominé et empêché d’accéder sereinement à sa ration, surtout s’il mange plus lentement en raison de problèmes dentaires ou simplement de son âge. Cela peut entraîner une perte de poids et du stress. Il est parfois nécessaire de l’isoler au moment des repas pour s’assurer qu’il consomme bien toute sa ration, tranquillement et sans compétition (source, source). Observez bien les interactions au sein du troupeau et adaptez l’environnement si besoin, en lui offrant un espace calme pour manger.

L’observation et l’adaptation vos meilleurs outils pour une retraite sereine

Finalement, nourrir un cheval âgé est un art subtil qui repose sur l’observation attentive et l’adaptation constante. Il n’existe pas de recette miracle universelle. Surveillez régulièrement son poids et sa condition corporelle (en palpant les côtes, la ligne du dos, l’attache de queue), son appétit, l’aspect de ses crottins, la qualité de son poil, son niveau d’énergie et son comportement général. Soyez à l’écoute des moindres changements. N’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire ou à un nutritionniste équin pour ajuster la ration au plus près de ses besoins évolutifs. Pour ma part, j’ai appris au fil des années passées auprès de mes vieux compagnons que cette attention quotidienne est une source immense de satisfaction. C’est un dialogue silencieux, une manière de leur rendre un peu de tout l’amour et de la sagesse qu’ils nous offrent. Prendre soin de leur alimentation, c’est honorer leur parcours et leur permettre de vieillir dans la dignité et le confort qu’ils méritent tant.

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